Fiche métier : agent animalier en refuge (spécial chiens)

Cette semaine, mes chers collègues Matthew et Énola de la Société Carcassonnaise de Protection Animale (SCPA) vous racontent leur passion et leur métier.

Écrit par Élisa Mougey

Avec l'aimable collaboration de Matthew et Énola de la SCPA


Et un grand merci à toute l'équipe de la SCPA pour leur super accueil et leur patience pendant ma transition de noob à pro ;)


Si vous suivez un peu mes updates, vous savez que j'ai récemment débuté en tant qu'agent animalier à la SCPA (qui font un travail super et que je vous invite à découvrir sur leur site).

J'ai donc rejoint une équipe de gens passionnés qui collaborent dans la joie, les paquets de croquettes et la bonne humeur avec pour seul objectif le bien être des chiens et chats résidant au refuge, de leur arrivée jusqu'à leur adoption.


Je le dis souvent à mes lecteurs : selon moi, le meilleur moyen d'acquérir de l'expérience avec les animaux est de travailler en refuge, que ce soit en tant que bénévole, stagiaire ou employé. Et qui de mieux pour vous parler du travail en refuge que Matthew et Énola, deux de mes collègues qui s'occupent des toutous de la SCPA depuis, respectivement, décembre 2020 et novembre 2021 ?


Donc cette semaine, c'est rencontre avec Matthew et Énola, deux jeunes passionnés qui m'ont accordé un peu de leur pause déj' pour parler de leur rôle, raconter leur quotidien d'agent animalier en refuge et partager leur expérience et leurs conseils pour notre plus grand plaisir !

Alors c'est quoi, un agent animalier en refuge ?

Le titre dépend certainement d'un refuge à un autre, mais à la SCPA, c'est "agent animalier".


« En gros, nous sommes responsables du bien-être physique et mental des animaux ! Cela inclut le nourrissage, le nettoyage, les soins, la socialisation... Nous ne sommes pas là que pour les câlins !


Il nous arrive de donner un coup de main à la chatterie, mais nous nous y connaissons surtout en chiens, donc nous nous occupons d'eux le plus souvent ! Cela nous permet de passer plus de temps avec les mêmes individus, et donc de mieux les connaître. »


Et connaître un animal par coeur permet de mieux s'en occuper et, surtout, de lui trouver une bonne famille adoptive. D'ailleurs, à la SCPA, on le répète très souvent : "ce n'est pas un chien qui doit convenir à une famille, c'est la famille qui doit convenir au chien".


Les interactions quotidiennes permettent donc de créer des liens avec les animaux, mais également de connaître leurs préférences, leurs peurs, leurs caractères, leurs petites manies, leurs faiblesses, etc.


« Par exemple, on sait quels chiens sont craintifs et donc avec lesquels il faut travailler davantage pour les socialiser. »


Et les agents animaliers de la SCPA connaissent leurs "loulous" sur le bout des doigts : qui est "ok chats", qui "aime faire son kéké à la grille mais un amour quand il s'agit de câlins", qui grognait comme un fou à son arrivée mais "regarde, maintenant, comme il kiffe les grattes grattes", à qui il faut faire attention car "il tire comme un ouf et fais gaffe, il aime pas qu'on lui touche les oreilles".

À quoi ressemble une journée typique au refuge ?

« Ici, on commence tous les jours à 8h.

Le matin, c'est nettoyage complet des boxes, avec le nourrissage et les soins du matin, ce qui nous amène à midi. L'aprèm, c'est second nettoyage, seconde gamelle puis accueil du public et renseignements et conseils aux adoptants potentiels.

Puis il y a les soins du soir et on termine à 18h.

On met aussi les chiens au parc (de grands parcs où les toutous peuvent jouer et se dégourdir les pattes) 3 fois par jour, à 8h, 12h et 14h. »


Avec plus de 60 boxes, la plupart a double effectif, et un refuge souvent complet, ça leur fait de bonnes journées aux amis de la SCPA !


« Même quand on a un peu de temps, on ne s'ennuie pas, car il y a toujours des choses à faire ! De la socialisation avec des chiens, du rangement, de la vaisselle, des visites chez le véto... Même du bricolage, parfois !, sourit Matthew qui, quelques jours auparavant, s'était improvisé maçon pour réparer une porte de boxe endommagée. »

Comment devient-on agent animalier dans un refuge ? Faut-il des études particulières ?

« J'ai toujours voulu travailler avec les animaux, raconte Énola. J'ai grandi sur un corps de ferme et, à l'époque, mes parents m'encourageaient déjà à y ouvrir un refuge. Moi, à la base, je voulais faire vétérinaire, mais le parcours scolaire était bien trop compliqué et j'ai fini en BTS de management, ce qui n'avait rien à voir. Mais j'ai fini par changer de voie pour travailler avec les animaux ! »


« Ben moi pareil, ça n'avait rien à voir, j'ai fait un CAP cuisine ! rigole Matthew. Mais j'ai toujours grandi avec des animaux et ai toujours voulu travailler avec eux. »


Sur ce sujet, on retrouve donc des points communs : un désir de travailler avec les animaux depuis toujours, mais un parcours scolaire ou professionnel qui n'a rien à voir. Et comme je leur ai raconté, c'est également mon cas et celui de la grande majorité de mes lecteurs qui préparent l'ACACED.


« C'est un boulot très intéressant et on apprend beaucoup de choses "sur le tas". De toute façon, pour faire ce genre de métier, il faut être au contact des animaux, la théorie, ce n'est pas assez. Mais certaines formations ou qualifications peuvent certainement être utiles, comme apprendre des techniques de réhabilitation pour les animaux vraiment compliqués par exemple. »


Quant à l'embauche, tout dépend des refuges et de leurs besoins.

« Nous avons tous les deux été embauchés après un service civique de 8 mois, ce qui est également le cas d'autres employés. Certains sont également d'anciens bénévoles ! »

Que faut-il savoir avant de travailler dans un refuge ? Quels sont vos conseils ?

« Il faut être passionné par les animaux. Si t'es pas passionné, ç'est même pas la peine ! Et puis c'est important de savoir que travailler avec les animaux, ce n'est pas que faire des câlins et des promenades. La majorité de notre travail, c'est du nettoyage. Les promenades, on en fait pas tant que ça. Donc d'abord on enlève les cacas, et après on fait des câlins, se marrent-ils. »

« Et puis c'est un métier qui est dur, aussi. Physiquement, il faut pouvoir traîner un Tiago (un gros loulou qui ne se rend pas compte de son poids et qui a beaucoup de force), rigole Énola. C'est un boulot d'extérieur, donc il faut pouvoir supporter le climat. En été, on crève de chaud, et on hiver on se les gèle ! Donc encore une fois, si t'es pas passionné, ça peut te faire arrêter rapidement, confie Matthew. »


C'était également le problème à la DSPCA de Dublin où j'étais bénévole : de nombreuses personnes enchantées à l'idée de travailler avec les animaux se présentaient le premier jour pour devenir bénévole et ne revenaient pas le deuxième.


« C'est aussi très dur mentalement et c'est de loin ce qu'il y a de plus difficile. Pour moi, le plus dur, c'est lorsqu'un animal meurt au refuge, avoue Matthew. On a beau faire tout ce qu'on peut, lorsque cela arrive, on ne peut pas s'empêcher de se dire qu'on a échoué quelque part pour ne pas avoir réussi à le faire adopter... »

« Il faut de la patience et de la persévérance !, ajoute Énola. On voit des chiens arriver dans des états pitoyables et qui ont eu des vies misérables avec qui ce n'est pas toujours évident. Alors il faut prendre le temps de les socialiser, de gagner leur confiance... Il ne faut surtout pas se décourager ! »


« Mais c'est un travail magnifique, renchérit-elle. Avec Kayou, par exemple (Kayser, dit Kayou, est un gros staffie qui est arrivé très peureux et assez agressif). J'ai travaillé avec lui pendant très longtemps, et aujourd'hui, on a une super relation de confiance et je peux lui faire de gros câlins... Et ça, ça me rend super fière et heureuse. »

Qu'est-ce que ce travail vous a t'il appris ? Et quel aspect de ce travail préférez-vous ?

« C'est vraiment un métier où l'on apprend plein de choses. Chaque animal, chaque situation nous apprend quelque chose de nouveau, confie Matthew. J'ai toujours eu des chiens, mais je pense que je m'en occupe bien mieux avec l'expérience acquise au refuge. C'est un métier qui m'a également appris la patience. »


Énola confirme : « C'est un métier qui m'a appris à mieux comprendre et interprêter le langage canin. J'ai appris tellement de choses sur l'éducation et la communication que je gère bien mieux mon propre chien aujourd'hui. »


Quant à ce qu'ils préfèrent dans leur travail, ils sont unanimes :

« LE CONTACT AVEC LES CHIENS ! s'exclament-ils en même temps. Leur faire de gros câlins, passer de bons moments avec eux... »


« Et puis on a de magnifiques histoires d'adoption, raconte Matthew. Le mieux, c'est lorsque l'on arrive à faire adopter des chiens qui sont là depuis longtemps. Je me souviens, quand je suis arrivé au refuge, nous avons fait adopté Fury qui était là depuis 5 ans, et c'était vraiment formidable. »

Avez-vous des projets pour l'avenir ?

Tous les deux sont d'accord : « On veut rester au contact des animaux ! Donc pourquoi pas ouvrir notre propre refuge. »


« Ou un centre de réhabilitation pour les chiens compliqués, ajoute Matthew, car ce sont des chiens qui ont besoin d'avantage d'attention et de travail. Mais malheureusement, il y en a peu en France et ils sont souvent au complet. »


Ils ont tout le temps de préparer leur futur, nos petits jeunes de la SCPA ! D'autant qu'ils ne comptent pas virer de cap de si tôt.


« Pour le moment, on est très bien ici ! terminent-ils en rigolant. »

Avez-vous des conseils pour ceux qui n'ont pas l'habitude des chiens ?

C'est un autre slogan des agents de la SCPA : "Il faut y aller au feeling !"


N'ayant moi même pas l'habitude des chiens, j'avais besoin d'un peu plus de conseils concrets.

Après plusieurs visites du refuge, des présentations de chacun des résidents, quelques pots-de-vin à base de friandises et même un cours sur comment entrer dans les boxes pour contrer les toutous les plus fugueurs, j'étais déjà bien plus sereine dès mon deuxième jour.


« Il faut simplement un peu de patience et d'assurance pour créer une relation de confiance, raconte Énola. Quand j'ai commencé, je ne rentrais pas chez tous les chiens ! Mais dès que j'avais un peu de temps libre, j'allais m'assoir devant leur boxe pour passer du temps avec eux, leur parler, leur donner des friandises. Il faut prendre le temps qu'ils associent notre présence à quelque chose de positif. »


« Et aujourd'hui, on rentre chez tout le monde, rajoute-t-elle avec un petit sourire pas peu fier. »

Et pour finir, comment on fait pour pas tous les adopter ?

« Ah, si on pouvait... »


Matthew a 5 chiens et Énola a déjà un loulou, Saiko, qui vient de la SCPA.


« Le plus dur, c'est quand on a de vrais coups de coeur qu'on aimerait adopter tout en sachant pertinemment que cela ne marcherait pas à la maison, parce qu'on a déjà trop d'animaux, parce que notre environnement ne leur conviendrait pas, parce que nos animaux ne s'entendraient pas ou tout simplement parce qu'on est pas prêt émotionellement (Énola avait malheureusement perdu sa chienne avant d'arriver au refuge et avait dû patienter de se sentir prête avant d'accueillir un nouveau toutou)... Mais il faut savoir être raisonnable, ce n'est pas à propos de ce qu'on veut nous, mais de ce qui est bien pour eux. Et puis ça nous motive d'autant plus à leur trouver une super famille. »


Leurs gros coups de coeur, ils s'en rappellent encore : pour Matthew, c'était Zeus, "un gros Rottweiler adorable et un peu bêbête de 62kg". Pour Énola, c'était Jaos, "un genre de croisé malinois à poils longs". Ils sont tout émus en me montrant de vieilles photos, mais ils trouvent du réconfort à l'idée que les deux loulous aient été adoptés par de très bonnes familles.


« Et puis c'est quand même tous nos bébés et on s'en occupe du mieux qu'on peut, comme si c'était les notres ! ajoute Matthew. Et dans certains cas, on se dit qu'ils ont bien plus de chance et sont bien plus heureux d'être ici avec nous que là où ils étaient avant. »

Merci Matthew et Énola !

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